domenica 13 gennaio 2013

La raison à l’épreuve des grandes crises historiques

La Révolution française ? « Une folie de possession satanique » pour Baader, un « virus d’une nouvelle espèce inconnue » d’après Tocqueville. En plein XXe siècle, le Français François Furet et l’États-unien Richard Pipes resserviront à leurs lecteurs la phrase de Tocqueville pour décrire la Russie révolutionnaire. Selon cette logique simplificatrice, si Jacques Roux a écrit que « l’égalité n’est qu’un vain fantôme quand le riche, par le monopole, exerce le droit de vie et de mort sur son semblable », c’est probablement parce qu’il était fou. Le professeur de philosophie Domenico Losurdo nous montre qu’il a toujours été plus facile, et bien moins embarrassant, d’attribuer les grandes crises historiques à la simple folie – collective ou individuelle – plutôt que d’analyser leur contexte politique et social.


Extrait de Psychopathologie et démonologie. La lecture des grandes crises historiques de la Restauration à nos jours, essai publié dans la revue Belfagor. Rassegna di varia umanità, dirigée par Carlo Ferdinando Russo, Editions Leo S. Olschki, Florence, mars 2012, p. 151-172.
Traduction Marie-Ange Patrizio

Comment expliquer la grande crise historique qui débute avec la Révolution française et qui, un quart de siècle plus tard, se conclut (provisoirement) avec le retour des Bourbons ? Friedrich Schlegel et la culture de la Restauration n’ont de cesse de dénoncer la « maladie politique » et le « fléau contagieux des peuples » qui font rage à partir de 1789 ; mais c’est Metternich même qui met en garde contre la « peste » ou le « cancer » qui dévaste les esprits [1]. Pour être plus exacts – renchérit cet autre idéologue de la Restauration qu’est Baader – nous sommes en présence d’une « folie de possession satanique » ; au renversement de l’Ancien régime a succédé non pas la démocratie mais bien la « démonocratie » [2], c’est-à-dire le pouvoir de Satan...
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