venerdì 4 maggio 2012

Una recensione francese del libro su Stalin

Domenico LosurdoStaline. Histoire et critique d'une légende noire. Traduit de l'italien par Marie-Ange Patrizio. Bruxelles, Aden, 2011
Par Jean-Claude Lecas

Résumé
Le livre de Domenico Losurdo, "Staline. Histoire et critique d'une légende noire" (Bruxelles, Aden, 2011) s'inscrit, espérons-le, dans le retournement de la sinistre tendance faisant du "totalitarisme", du Goulag et de l'équivalence Hitler-Staline, l'argument massue de la doxa libérale visant à criminaliser le communisme et tout espoir de réforme sociale. L'auteur remarque qu'à sa mort (1953), Staline fut pleuré comme un dieu partout dans le monde, tandis que, trois ans plus tard, le rapport Krouchtchev en faisait un monstre. Les deux sont forcément faux et, si l'on veut comprendre, il faut tout examiner avec l'œil de l'historien. Ainsi, dans le contexte dramatique de la Russie d'après la révolution et la guerre civile, les "crimes" de Staline apparaissent très relatifs. Sa dictature totale n'apparaît qu'après les procès de Moscou et l'hystérique chasse aux espions et saboteurs qui suivit (la Grande Terreur de 1937-38) des réponses terribles, mais toujours pragmatiques, à une situation de chaos et de guerre civile plus ou moins permanente. Après la collectivisation désastreuse de l'agriculture, condition de l'industrialisation du pays, Staline et son groupe tentent désespérément de rétablir l'autorité du gouvernement et d'accélérer l'industrialisation, tandis que se précise la menace mortelle du nazisme. L'ouvrage montre que le "stalinisme" est né de ces situations d'exception et à quel point l'amalgame Hitler-Staline (à laquelle contribue la fable de l'antisémitisme stalinien) occulte opportunément les véritables origines du nazisme. Celui-ci combine la doctrine pangermaniste avec les théories raciales et nationalistes contemporaines de l'expansion coloniale occidentale. L'objectif des nazis est de conquérir, sur les terres slaves, un vaste empire colonial germanique sur les ruines de l'URSS, dirigée par les "judéo-bolchéviques" inspirés par les théories du Juif Marx. Leur croisade anticommuniste leur assure l'appui des puissances occidentales. Rien de commun avec le despotisme stalinien, purement défensif et qui n'a cessé de promouvoir les nationalités de l'URSS. Enfin Losurdo en prenant parti pour Staline contre Trotski examine un problème majeur : celui de l'Etat socialiste. Selon Trotski, l'URSS, au départ faible et menacée, ne peut survivre sans l'appui des masses prolétariennes dans les pays capitalistes développés. De plus, la construction du socialisme doit amener le dépérissement de l'Etat. Pour Staline, ces principes ne sont pas réalistes dans le contexte de l'époque et un Etat fort, capable d'assurer l'éducation, l'industrialisation et les droits sociaux est d'abord une  condition de la survie.

C'est un gros livre qui paraît de prime abord assez partial dans ce que l'on perçoit comme une sorte de réhabilitation de Staline. Tel n'est cependant pas réellement le sujet de l'ouvrage qui se termine par une réflexion critique et une idée forte : la dérive contemporaine vers une "tératologie politique" (fabrique de monstres) qui obscurcit le contexte des événements historiques et mystifie le citoyen...
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